Le face-à-face
16 septembre 2022
Hier soir avait lieu le Face-à-Face qui réunissait, pour la toute première fois, cinq aspirants premiers ministres, dont quatre pour qui il s’agissait d’une première expérience de débat.
Nous le savons, cet exercice, moment fort des campagnes électorales, ne permet pas vraiment d’apprendre plus de détails sur les engagements des partis politiques. D’ailleurs, la cacophonie des échanges ne rend malheureusement pas service à l’électorat qui souhaite s’informer.
Toutefois, cet exercice fondamental a le pouvoir de faire ou de défaire des élections, même s’il s’agit d’un match qui se joue sur les perceptions et sur l’émotion. Souvent, celui qui se démarque est celui qui aura le mieux encapsulé son message pour rejoindre certains citoyens et citoyennes bien précis. Non ! Tous les chefs ne veulent pas nécessairement vous parler ; ils veulent consolider leur base pour certains ou tenter de conquérir une nouvelle tranche de la population, clairement définie, pour d’autres.
Une campagne électorale, ça passe vite ! Les débats marquent le milieu de celle-ci et c’est souvent à ce moment que l’électorat commence à tendre l’oreille. Il s’agit donc d’une occasion en or de cimenter ou d’inverser une tendance qui se traduira dans l’urne.
Les performances
François Legault, Coalition avenir Québec : Comme premier ministre sortant, avec un mandat derrière la cravate, François Legault a vécu sa première expérience en tant que cible principale de toutes les attaques. Habitué des débats et de la joute parlementaire, il s’agissait d’un premier match défensif pour lui et, à cet égard, son expression faciale dénotait un certain malaise. Plus effacé, il a adopté une posture qui visait à protéger ses acquis, mais n’a pas hésité à dégainer certaines attaques, lui qui trône au sommet des sondages. Ni bonne, ni très mauvaise, sa performance ne fera pas bouger l’aiguille ni d’un côté ni de l’autre.
Dominique Anglade, Parti libéral du Québec : dynamique et convaincante, tout particulièrement au départ et lors de son mot de conclusion lors duquel elle s’est démarquée, Dominique Anglade est apparue sincère lors des échanges. Toutefois, l’issue de ceux-ci était rarement à son avantage. Elle est apparue bien préparée, en maitrise de ses dossiers, connaissante sur les chiffres, avec des attaques — et des réponses aux attaques — bien ficelées. Sa performance ne fût pas le coup de circuit dont elle avait besoin, mais elle ne lui a pas fait perdre de points.
Gabriel Nadeau-Dubois, Québec solidaire : Gabriel Nadeau-Dubois est apparu comme un jeune premier qui excelle dans la joute oratoire. Lors de sa première prise de parole, sur le thème de l’environnement, il a réussi à mettre fortement en évidence un clivage générationnel entre lui et François Legault. Maître de la formule et de l’image, il a réussi à bien faire entendre les propositions phares de son parti. Sa performance lui donnera un élan pour la suite.
Paul St-Pierre Plamondon, Parti québécois : N’ayant rien à perdre, Paul St-Pierre-Plamondon a abordé ce débat de la même façon dont il mène sa campagne : positif, appuyé sur ses convictions, mais sans grand éclat. Incertain lors de sa première prise de parole, il a gagné en assurance au cours de la soirée. Calme et posé, et sur un ton différent des autres, il n’a pas su s’imposer comme un potentiel premier ministre crédible. Sa performance, sans être étincelante, lui aura toutefois permis de tirer son épingle du jeu.
Éric Duhaime, Parti conservateur du Québec : Éric Duhaime était gagnant, par le simple fait d’avoir pu être présent. Communicateur naturel, il s’est adressé spécifiquement à son électorat potentiel, en demeurant cohérent à sa position sur l’échiquier politique. Ces quelques échanges corsés avec monsieur Legault, notamment sur les enjeux de la Capitale-Nationale, confirment que c’est là où les luttes seront les plus féroces entre eux. Sa performance lui a permis de mettre en exergue son offre politique distincte et servira certainement à mobiliser sa base à se rendre dans les bureaux de vote.