Préparation des débats des chefs
08 septembre 2022
Le calme avant la tempête
Moment de tension par excellence, les débats représentent, avec le déclenchement et la soirée des résultats, un des moments les plus importants d’une campagne électorale.
Alors que des millions de Québécoises et de Québécois sont rivés sur leurs écrans, les chefs argumentent, expliquent, et compétitionnent pour l’attention (et l’affection) des électeurs.
Mais en amont de ces jours de débats télévisés, une chorégraphie imposante s’est déployée, longtemps d’avance, puisque dès le printemps, des négociations entre les partis et les diffuseurs ont été engagées.
Tout est discuté et validé : le format, les thèmes, les éléments techniques et de logistique – angles des caméras, chronomètre visible ou non, entrevue avant, après, loges, accréditation des entourages, etc.
En parallèle, les équipes de campagnes débutent la préparation : thématiques, plan d’attaque, messages à véhiculer, punch line. Les conseillers des chefs élaborent de volumineux cahiers de breffage survolant tous les dossiers d’importance, les chiffres clés, les engagements phares. Les candidats consacreront des heures d’étude pour maîtriser ce contenu. On prépare aussi des lignes de communication, qui pourront être utilisées au besoin. À cette étape, des inconnues demeurent : on ne sait pas encore: l’ordre des déclarations, qui débattra de quels sujets. Différents scénarios sont échafaudés et se préciseront le jour même du débat. L’ampleur de la préparation varie selon le thème et l’adversaire.
En vue de la joute oratoire, un soin méticuleux est apporté pour bien déterminer notre principal adversaire et parfois nos alliés du moment (oui oui!), selon les thématiques. On dit souvent que le parti au pouvoir doit défendre son bilan; c’est vrai, mais chaque parti a sa zone de vulnérabilité que les adversaires voudront exploiter au maximum.
Dans les jours qui précèdent, c’est le contenu qui prime. On mémorise nos propositions, celles des adversaires et on se prépare à toutes les éventualités. Puis, 48 heures avant « l’affrontement », les chefs se plieront à un exercice pratique et de simulation. Certains collègues candidats ou employés personnifieront les autres chefs, dans la forme et le fond, pour rendre l’exercice encore plus réel. À débattre à l’Assemblée nationale depuis plusieurs mois, voire années, les chefs se connaissent et peuvent anticiper les forces et faiblesses de chacun…
Puis, le matin du débat : bas les masques. Les derniers détails sont connus. Le temps d’une dernière simulation et d’une visite du studio et on laisse ensuite un espace solo-détente au chef, afin que sa préparation mentale soit à son meilleur.
Alors que le débat a lieu, les équipes des chefs se croiseront dans les couloirs des studios. Certains se dirigeront vers l’imposante salle de presse. Leur rôle : offrir la perspective de leur équipe et expliquer et contextualiser tout lapin sorti d’un chapeau qu’un chef aura brandi lors du débat.
Quand les lumières s’éteignent, s’enclenche alors la dernière phase du débat : le débat sur le débat. Qui a gagné? Les partis seront très attentifs à tous les commentateurs qui vont déclarer, ou non, un gagnant et s’assurent de relayer les bons mots sur la performance de leur chef.
Derrière les deux petites heures que durent les débats s’en cachent d’innombrables autres en préparation. C’est un moment incroyablement stressant, mais aussi le prix à payer pour valider son billet pour le cœur des Québécoises et des Québécois et peut-être… le pouvoir.