Réveillon fédéral sur fond d’inflation – Retour sur la 2e moitié de 2023

De quoi parlera-t-on autour de la dinde, cette année ? De son prix, certainement, alors que la hausse marquée du coût de la vie aura tenu le haut du pavé en politique fédérale cet automne. Entre deux bouchées d’atocas et de pommes de terre, la montée marquée des conservateurs dans les sondages et l’état des finances publiques vont à coup sûr mobiliser les conversations.

Un remaniement. Un quoi ?

Bien avant l’automne, le premier ministre Trudeau souhaite marquer un grand coup avec un remaniement ministériel majeur sensé être axé sur l’économie… Un remaniement qui passera toutefois rapidement dans l’oubli, alors que le chef conservateur, lui, avait le vent dans les voiles, fort de sa nouvelle image. Exit les lunettes, on met l’accent sur le coût de la vie et ça marche.

Coût de la vie. Logement. On répète, en boucle.

Septembre. Alors que le cabinet se prépare pour la rentrée parlementaire, le premier ministre indique que l’augmentation du coût de la vie, y compris la crise du logement, est la « priorité numéro un » de la retraite du conseil des ministres. Signe des temps ou réponse directe au chef conservateur, qui a fait de ces enjeux son pain et son beurre?

Tergiversations et ingérence étrangère

Après avoir longuement tenté d’éviter l’inévitable, le gouvernement fédéral annonce le 7 septembre la tenue d'une enquête publique sur l'ingérence étrangère, qui sera présidée par la juge Marie-Josée Hogue. C’est un des éléments à surveiller en 2024, alors que des audiences publiques se dérouleront en début d’année. Le dossier s’annonce chaud et politiquement chargé.

Attentat commandé en sol canadien

Le 19 septembre, le premier ministre fait part aux parlementaires, et du fait même aux citoyens du pays, d’allégations sérieuses liant des agents du gouvernement indien au meurtre d’un citoyen canadien, ici-même au pays. Le tout fera couler beaucoup d’encre et créera un froid diplomatique majeur avec l’Inde, qui demande des preuves.

Du rêve au cauchemar

La visite du président ukrainien au Canada aura vite tourné au cauchemar. C’était pourtant un sans-faute jusqu’à ce que le président de la Chambre des communes invite l’ensemble des députés et des visiteurs, président Zelensky compris, à saluer un ancien combattant ukrainien. Ce que tous semblaient ignorer en l’ovationnant : Yaroslav Hunka avait combattu au sein d’une unité nazie. Faux pas majeur qui aura nourri la machine à propagande russe et forcé le président de la Chambre, Anthony Rota, à démissionner.

Noël avant le temps

Le système de tarification du carbone était LA mesure-phare du gouvernement Trudeau en matière de changements climatiques. En octobre, il a choisi d’y mettre la hache en créant une exemption pendant trois ans pour les Canadiens qui chauffent leur demeure au mazout. Une décision que plusieurs ont décrite comme incohérente et dont les conservateurs ont fait les gorges chaudes, exigeant l’élargissement de l’exemption.

Énoncé économique d’automne

Le 21 novembre, la vice-première ministre et ministre des Finances fait le point sur la situation financière du gouvernement. Bien qu’elle limite les dépenses, la mise-à-jour présente un ralentissement de la croissance économique, un déficit récurrent en croissance, et des finances publiques au mieux moroses. Le document propose toutefois la mise en place de plusieurs mesures pour encourager la construction de nouveaux logements locatifs, dont ceux abordables, protéger les locataires et les propriétaires et faciliter l’achat d’une première maison. Un dossier important.

Le poids des années et l’attrait du changement

Il semble loin le temps des « voies ensoleillées » pour les libéraux de Justin Trudeau, qui après huit ans au pouvoir ne représentent plus le « vrai changement », mais bien un gouvernement qui doit porter le poids de ses décisions. Sondage après sondage, les conservateurs de Pierre Poilièvre ont eu le vent dans les voiles tout l’automne.

Pas vraiment le calme avant les Fêtes

La température politique a atteint son point d’ébullition au Parlement – c’est toujours le cas avant la fin des travaux parlementaires en décembre d’ailleurs – lorsque les Conservateurs se sont opposés au projet de loi modernisant l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Ukraine, sur la base qu’il favoriserait la tarification sur le carbone.

Parlant (encore) de carbone, les Conservateurs, cherchant à faire tomber la tarification, ont déclenché un marathon de votes qui aura duré trente heures. Une tactique d’obstruction parlementaire largement dénoncée, utilisée pour passer un message. Il reste maintenant à savoir lequel les citoyens auront retenu à l’aube des Fêtes.

Le Parlement du Canada reprendra ses travaux le 29 janvier 2024.