Un débat sans brouhaha ni coup d’éclat
23 septembre 2022
Les débats demeurent un rendez-vous incontournable campagne après campagne. C’est l’occasion, pour des électeurs et électrices qui ne suivent pas la politique tous les jours, d’ouvrir grand les yeux et de tendre l’oreille pour se faire une tête et décider qui mérite leur confiance.
C’est un débat beaucoup moins cacophonique qui nous a été présenté hier, à Radio-Canada. Le format, bien différent de celui du Face-à-face de TVA, laissait plus d’espace à chacun et chacune. Les questions étaient bien connectées sur les préoccupations des citoyens et citoyennes, vox pop à l’appui, et elles furent posées de façon beaucoup moins abrasive que la semaine passée. Le résultat était plus écoutable, mais la distribution du temps de parole avait aussi le défaut d’enlever du momentum à tous.
Les performances, en ordre alphabétique
Dominique Anglade a jusqu’ici mené sa campagne avec énergie, et ce, dans un contexte extrêmement difficile. Hier soir, elle a tenté de montrer un côté plus humain. Isabelle Melançon avait d’ailleurs fait monter les attentes en entrevue prédébat, nous promettant une « Dominique nouvelle », plus naturelle et « moins scriptée ». Durant le débat, Mme Anglade a parlé de ses enfants à plusieurs reprises, de l’histoire de sa famille et des problèmes de santé mentale de sa mère. Mais le point culminant avait eu lieu avant même le commencement du débat avec la publication d’une vidéo dans laquelle la cheffe libérale danse dans sa loge. La stratégie était peu subtile, mais, somme toute, la cheffe a offert une bonne performance. Elle a réussi à placer quelques-unes de ses idées phares, dont le projet ECO et la promesse de donner un médecin de famille à tous.
De son côté, Éric Duhaime avait en quelque sorte déjà atteint son objectif par sa seule présence aux débats, lui qui cherche à s’imposer comme une force politique durable. Son défi principal durant les débats était celui de la crédibilité. Il est parvenu à exposer ses idées clairement, mais sans éclat, en insistant comme toujours sur la défense des droits et libertés.
Aller défendre un bilan en étant la cible évidente des quatre autres formations politiques n’est pas une mince affaire. Après le Face-à-face, François Legault savait qu’il devait améliorer son langage corporel et montrer à l’électorat qu’il avait envie d’être là. Le format du débat a donné un bon coup de main au chef caquiste. Il s’est certes retrouvé sur le grill à quelques reprises, notamment lors d’un tir groupé sur le troisième lien, mais il s’en est somme toute mieux sorti que la semaine dernière.
Les attentes étaient hautes envers Gabriel Nadeau-Dubois. La plupart des analystes lui avaient concédé une bonne performance au premier débat. Allait-il réussir à renouveler son exploit ? Le bon élève a récidivé en offrant une performance léchée, organisée et sans écueil. Mais, malgré sa tentative de s’autoqualifier comme le chef de l’opposition officielle en devenir, les sondages le contredisent pour l’instant.
Paul St-Pierre Plamondon avait dépassé les attentes au premier débat. Constructif et assumé, il avait été identifié par plusieurs comme le gagnant du Face-à-face. Pour le deuxième débat, le défi était de prendre un peu plus de place. Bien qu’il n’ait toujours pas fait l’objet d’attaques de la part de ses adversaires, laissant croire que les autres formations politiques ne sont pas tellement inquiétées par sa récente remontée, il a offert une solide performance une fois de plus. Il a réussi à piquer François Legault en le comparant à Jean Charest et Philippe Couillard sur la question des seuils d’immigration. Est-ce qu’il réussira à aller chercher quelques votes à la CAQ grâce à cette stratégie? Nous le saurons dans les prochains sondages.
Bonne fin de campagne!