Que nous réserve le futur de la relation Canada-États-Unis avec une administration Trump?

Le retour prochain de Donald J. Trump à la Maison-Blanche a fait bien des vagues dans les milieux politiques et économiques. Si les gouvernements à Québec et à Ottawa se préparaient déjà à cette possibilité, l’élection de celui qui fut le 45^e président des États-Unis entre 2017 et 2021 vient donner une bonne dose d’adrénaline qui force parlementaires et fonctionnaires à repenser notre engagement avec notre voisin du Sud pour assurer la sécurité de notre économie et le succès des entreprises d’ici, dans une ère de plus en plus protectionniste.

Le premier mandat de M. Trump avait marqué un tournant dans les relations commerciales nord-américaines, et un second mandat pourrait apporter son lot de changements significatifs. Entre repositionnement stratégique et nouvelles dynamiques commerciales, certains enjeux vont assurément occuper entrepreneurs et gouvernements.

Reprenons d’abord ce qui nous attend potentiellement sur le front commercial. Le slogan « America First » n’a jamais aussi bien porté son nom. En revenant aux commandes, il faut s’attendre à une approche encore plus musclée en matière de commerce international avec une nouvelle administration Trump.

Et…qui dit protectionnisme dit tarifs! C’est sans l’ombre d’un doute l’une des plus grandes craintes des entreprises exportatrices, dont les grandes associations sont souvent déjà mobilisées. Certains secteurs traditionnellement sensibles risquent de se retrouver en première ligne advenant l’imposition de tarifs de manière unilatérale sur les produits d’importation. L’industrie de l’aluminium canadien garde encore en mémoire les tarifs douaniers imposés lors du premier mandat Trump.

Gardons aussi en tête que l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), négocié sous l’administration Trump, doit être revu en 2026 lors d’un examen conjoint. Les discussions reprendront donc rapidement en 2025. Dans les bureaux d’Affaires mondiales à Ottawa, tout autant qu’à l’ambassade du Canada à Washington, on s’y prépare déjà, ayant encore en mémoire les difficiles conversations ayant mené à la conclusion de l’accord ayant remplacé l’ALENA.

Outre le dossier chaud des tarifs, les questions de la gestion de l’offre - l’accès au marché canadien pour les produits américains - ainsi que les protections pour le secteur culturel canadien risquent de refaire surface. La nouvelle taxe canadienne sur les services numériques (TSN) demeure un irritant important pour le gouvernement américain, et le nouvel occupant de la Maison-Blanche pourrait bien choisir une approche plus musclée dans ce dossier.

Qui plus est, l’indépendance énergétique, qui est certainement une des priorités de l’administration Trump 2.0, a le potentiel de jouer un rôle important dans les relations canado-américaines. Il faudra voir à quelle enseigne logera véritablement l’administration Trump 2.0 pour prendre la pleine mesure des effets sur notre économie, mais le virage à 180 degrés anticipé de la part de la nouvelle administration a le potentiel de représenter à la fois des défis importants et des opportunités pour les entreprises d’ici, qui sont des leaders dans des domaines tels que les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les technologies vertes. Chose certaine, il n’y aura pas de statu quo et il faudra voir comment le gouvernement du Canada réagira s’il y a un réalignement des programmes de subvention américains à la transition énergétique. On se rappellera qu’Ottawa avait dû réagir et mettre en place ses propres crédits à l’investissement.

On ne peut conclure ce texte sans parler des dépenses du Canada en défense et de sa contribution à l’OTAN. Par le passé, M. Trump s’est montré critique de l’OTAN, mais surtout des pays qui n’y contribuent pas suffisamment et n’atteignent pas la fameuse cible de dépenses de 2 % du PIB. Bien que le Canada se soit engagé à augmenter significativement ses dépenses pour atteindre la cible en 2032, nombreux sont ceux qui considèrent cet échéancier comme étant trop éloigné dans le temps, voire volatile.

Pourquoi en parle-t-on? Parce qu’il s’agit d’un irritant majeur dans la relation canado-américaine et qui pourrait être utilisé par la nouvelle administration comme levier dans des discussions touchant d’autres dossiers. À surveiller avec attention.

Finalement, nous garderons également nos yeux rivés sur les éléments de sécurité économique nationale, dans le contexte géopolitique tendu. Un gouvernement Trump voudra s’assurer que ses marchés ne sont pas exposés, par exemple, au dumping de produits étrangers, et que ses partenaires commerciaux principaux, dont le Canada fait partie, ne servent pas de terrain de jeu à des pratiques commerciales déloyales de la part de puissances étrangères. C’est donc le moment pour ces partenaires – nos gouvernements – de s’assurer que leur maison est vraiment en ordre avant que le nouveau voisin, que l’on connaît somme toute bien, n’emménage dans la maison d’à côté.

Au final, gardons en tête que des élections fédérales doivent avoir lieu au plus tard en octobre 2025 au Canada. Un changement possible de gouvernement viendrait aussi modifier le paysage des relations canado-américaines.

Face à ces défis qui pointent à l’horizon, il n’y a pas de meilleur temps que maintenant pour s’y préparer. Pour cela, l’expertise des spécialistes en relations gouvernementales et un accompagnement stratégique s’avèrent cruciaux. En tant qu’équipe de conseillères et de conseillers chevronnés, nous possédons une connaissance approfondie des rouages politiques, des dynamiques diplomatiques et des leviers d’influence, tant au Canada qu’aux États-Unis. Notre capacité à naviguer à travers ces eaux troubles, à anticiper les points de friction et à identifier des solutions mutuellement bénéfiques peut faire toute la différence.

En nous impliquant dès le départ, les entreprises d’ici se donnent les meilleures chances de tirer leur épingle du jeu.

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