Réaliser la transition en maximisant ses retombées

14 December 2023

Un automne (et un printemps!) énergétique

Ce n’est pratiquement plus discutable : la transition énergétique prend forme et devient réelle. L’énergie devient un sujet chaud dont les débats ne portent pas tant sur la nécessité ou la portée de la transition, mais bien plus sur les façons d’en tirer le plus de retombées positives.

Alors que les discussions à la COP 28 entourant l’abandon des énergies fossiles marquent la fin de l’année 2023, on peut affirmer sans se tromper que la façon dont le Québec consomme, transporte et produit son énergie a été au cœur de l’actualité pendant toute la durée de l’année… et que cela est certainement un présage à 2024.


Répondre à la demande avec une offre désormais insuffisante

Avec la démission, en tout début d’année, de Sophie Brochu à la tête d’Hydro-Québec, plusieurs se sont demandé si le Québec deviendrait le « Dollarama de l’électricité » en distribuant ses mégawatts sans compter, tout en relançant le développement de grands projets ?

La réalité s’est avérée beaucoup plus complexe.

Après plus d’une décennie à parler de surplus, Hydro-Québec a dû se rendre à l’évidence : la transition énergétique mondiale s’accélère et se fait sentir au Québec : explosion de la demande et appétit industriel pour une électricité décarbonée et, de surcroît, abordable.


Optimiser les impacts économiques par des choix politiques

Devant l’urgence, le gouvernement avait réagi rapidement à la fin de 2022, le temps de déposer le projet de loi 2 qui lui octroie de facto un pouvoir décisionnel sur tout client commercial ou industriel qui a besoin d’autant ou davantage d’électricité que le Centre Bell, soit 5 mégawatts (MW).

Disant ne bénéficier que d’une marge de manœuvre de 1 000 MW alors que des demandes de raccordement pour des projets totalisant plus de 20 000 MW s’empilaient sur son bureau, le ministre Pierre Fitzgibbon a dû composer en 2023 avec la pression créée par l’adoption du PL2 : qui choisir parmi tous ces projets ?

Le ministre a finalement dévoilé en novembre 2023 une liste d’onze projets sélectionnés en vertu de critères axés sur le développement économique et la « cohérence gouvernementale ». Cinq d’entre eux sont reliés à la filière batterie, industrie chouchou du gouvernement du Québec.

S’il est appelé à clarifier sa méthode quant à la gestion des demandes de projets énergivores, le gouvernement Legault ne s’en cache pas : il favorise la filière batterie et il veut en faire son héritage.


Un plan d’action ambitieux

Nommé en mai à la tête d’Hydro-Québec, Michael Sabia a étalé ses priorités en novembre, avec la publication du Plan d’action 2035 de la société d’État, un plan ambitieux et volumineux pour tous les goûts.

Au nom de la transition énergétique, on parle de pratiquement doubler la production d’électricité au Québec à l’horizon 2050. Ce n’est plus, comme l’avançait François Legault il y a encore quelques mois, un demi Hydro-Québec, c’est un Hydro-Québec entier qu’il faudra construire ! Au total, on parle d’investissements de 12 à 16 milliards $ par année pour les douze prochaines années.

Cela signifie que des centaines d’éoliennes seront installées au cours des dix prochaines années, qu’un nouveau projet de barrage hydroélectrique pourrait être entamé, qu’on verra apparaître des panneaux solaires par milliers au sol et sur les toits des immeubles, que l’on déploiera d’importantes initiatives en efficacité énergétique, que 5 000 kilomètres supplémentaires de lignes électriques seront construits et même, que l’on ne ferme pas totalement la porte au nucléaire. Le tout, en améliorant la qualité du service à la clientèle et en diminuant les pannes.

Un chantier qui peut donner le vertige, mais qui n’est pas unique au Québec, alors que plusieurs gouvernements et utilités publiques doivent multiplier les investissements dans leurs infrastructures énergétiques, en Amérique du Nord et ailleurs.


Des défis majeurs pour l’avenir

D’importantes questions émergent donc de 2023 :

  • Est-ce qu’Hydro-Québec pourra réaliser tous ces investissements ou devra-t-elle collaborer davantage avec le secteur privé? Quelle implication d’Ottawa ?
  • A-t-on la main-d’œuvre et les emplacements pour construire toutes ces éoliennes et tous ces panneaux solaires ?
  • Quel sera l’apport des municipalités et des Premières Nations ?
  • Est-ce que cela vaut le coup d’exporter de l’électricité et de renforcer les interconnexions avec les voisins ? Est-ce que les tarifs d’électricité doivent être revus ?
  • Comment sensibiliser les Québécois.es à la valeur de leur énergie et à la décarbonation des habitudes de vie ?
  • Comment assurer un marché durable et compétitif pour le gaz naturel renouvelable et les autres bioénergies, ainsi que l’hydrogène ?
  • Comment faire en sorte que les retombées de la transition énergétique profitent au Québec ?

Le gouvernement Legault tentera d’amener une partie de ces réponses en déposant un projet de loi sur la gouvernance du secteur de l’énergie au début 2024. Déjà, le gouvernement et Hydro-Québec parlent de la nécessité d’amener une agilité et une flexibilité, en vue de répondre aux défis de l’abondance, créés par la transition énergétique.

Bien que les débats promettent d’être passionnés, il n’en demeure pas moins qu’il existe au Québec, du moins dans sa classe politique, un quasi-consensus sur la pertinence de la transition énergétique, sur les occasions économiques qu’elle provoque et sur l’avantage que confère un réseau électrique décarboné. Cela fait l’envie de plusieurs !

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